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Restauration des Arènes

Parmi les mieux conservés du monde romain, mais considérablement fragilisé par le temps, l'amphithéâtre de Nîmes nécessite une campagne de restauration de très grande ampleur.


Ce projet ambitieux, commencé en 2009, a terminé sa troisième phase en décembre 2019 avec la rénovation des travées 53 à 57. La phase suivante démarre au printemps 2020 sur les travées 58 à 01.

Protéger les arènes des eaux de pluie :

Les diagnostics successifs montrent que depuis l’Antiquité, plusieurs facteurs, dont les destructions des gradins intermédiaires et le comblement des égouts d’évacuation, ont exposé l’amphithéâtre aux effets destructeurs des intempéries, perturbant ainsi le réseau d’évacuation des eaux de pluie tels que les Romains l’avaient initialement conçu. Lorsque les pierres sont imbibées d'eau, elles perdent 30 à 40% de leur résistance, ce qui peut provoquer leur éclatement, entraînant la fragilisation de certaines voûtes, de certains piliers et développer des altérations biologiques (algues, mousses, lichens...).

 

Pierre et gradins à restaurer

Restaurer l’extérieur ET l’intérieur de cet édifice bimillénaire  

Avec la disparition des gradins antiques, les phénomènes de dégradation se sont accentués et il est donc apparu indispensable de restaurer l'ensemble du monument, de consolider et réparer chacune des 60 travées, d'examiner et diagnostiquer chaque pierre, de colmater les entrées d'eau et de remplacer les pierres trop altérées.

Ce programme de restauration, d'une ampleur considérable, concerne les façades, le sommet des arènes, les galeries, les promenoirs et les gradins. Il comprend également l’installation de garde-corps et de mains courantes.


Une prouesse technique dans un équipement public, ouvert toute l’année

Ce chantier de grande envergure, programmé jusqu'en 2030, nécessite le concours pérenne de l'Etat, des collectivités territoriales.Afin de préserver l’utilisation festive de ce monument vivant qui accueille chaque année + de 350 000 touristes et des manifestations de grande ampleur, il a fallu établir un planning de mise en œuvre particulièrement précis pour coordonner l'intervention de tous les corps de métiers.

> En savoir plus sur le programme de restauration

Financements & Fiche Technique

Financements & Fiche Technique

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nîmes
Maîtrise d’oeuvre : Agence Goutal – Cabinet Asselin – BET Equilibre Structures – Hadès – Le LERM – Carlo USAI


Travaux :
Restauration de pierres antiques – maçonnerie ; couverture (plomb) ; serrurerie ferronnerie ; toiles textiles permanentes Suivi archéologique : Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)

Coût d’objectif global des travaux :
54 M d’€ HT
Programmation au Contrat de Projet Etat Région
(CPER) 2017-2021


Objectif de participation
Ministère de la Culture : 40% ; Région Occitanie 20%, Département du Gard  10% ; Nîmes Métropole 4% Ville de Nîmes et Fondation Internationale pour les Monuments Romains de Nîmes 26%


Calendrier de la restauration :

• Tranche expérimentale : Travée 49 : 2009 à 2012 Travées 50 à 53 : 2012 à 2015
• Travées 43 à 48 : mai 2017 - mai 2018
• Travées 53 à 57 : août 2018 - décembre 2019
• Fin prévisionnelle du chantier : 2034

Historique

Historique

S’il reste peu d’arènes romaines encore debout depuis le monde antique, celles de Nîmes constituent un témoignage unique du génie de construction romain et de l’apogée de cette civilisation. Construites à la fin du Ier siècle de notre ère à l’intérieur de l’enceinte de la ville antique, elles accueillaient des combats de gladiateurs et des chasses d’animaux sauvages.

Imposantes par leur taille, 60 travées, 133m de long par 100m de large, 21m de haut, elles pouvaient recevoir jusqu’à 20 000 spectateurs.

Comme la Maison carrée, l’amphithéâtre doit sa conservation à une occupation continue au fil des siècles. Les monarques français puis les autorités successives ont très vite pris conscience de son intérêt patrimonial et de la nécessité de le préserver et n’ont cherché ni à détruire l’œuvre romaine ni à la modifier radicalement.


Ainsi les Arènes de Nîmes sont aujourd’hui l’amphithéâtre romain le mieux conservé au monde. Mais elles sont néanmoins fortement menacées. Une étude menée en 2005 sur une des travées les plus abimées, la travée 49, préalablement à sa restauration, a montré toute la fragilité de l’amphithéâtre, liée à l’exposition prolongée aux intempéries.

Après son abandon à la fin de l’empire romain, sa conversion en ville fortifiée au Moyen-Âge l’avait malgré tout préservé, car les maisons, présentes dans son enceinte, possédaient leur propre système de recueillement des eaux. Après leur démolition, l’amphithéâtre est resté ouvert et les eaux de pluie ont lessivé les maçonneries et infiltré les pierres qu’elles ont rendues fragiles. Le phénomène s’est accéléré avec la disparition des gradins antiques, qui drainaient les eaux vers des canalisations souterraines et la disparition des parapets du premier étage qui faisaient obstacle à la pluie battante.

L’eau met ainsi une quinzaine de jours à circuler du sommet jusqu’aux galeries inférieures, générant sur son trajet des dépôts de calcite. La pierre perd 30 à 40 % de sa résistance lorsqu’elle est imbibée d’eau.  Résultat : les voûtes du rez-de-chaussée, où s’exerce la pression, concentrent une grande partie des dégâts.  Ce monument méritait qu’on prenne le temps de redonner solidité et allure à chaque centimètre de son épiderme.


>En savoir plus : "Laissez-vous conter les arènes"... l’histoire du monument siècle après siècle

Le programme de restauration des arènes

Le programme de restauration des arènes

L'amphithéâtre de Nîmes, daté du Ier siècle de notre ère, est l'un des mieux conservés du monde romain. Pour autant il n'a pas échappé aux outrages du temps passé et du climat.

Un diagnostic réalisé en 2005 par Thierry Algrin, architecte en chef des monuments historiques, a mis en évidence l'importance des dégradations. Il a été décidé d'amorcer les travaux par la restauration de la façade. Cinq travées ont été ainsi restaurées sur cette première phase de travaux.  La restauration des travées 49 à 53 (face au boulevard Victor Hugo) s'est terminée en avril 2015. Cette opération a démontré la fragilité du monument, que son dégagement au XIXe siècle a rendu plus vulnérable aux infiltrations d’eau de pluie. Un diagnostic scientifique approfondi a confirmé et complété les constats observés sur les cinq arches restaurées et a permis d’orienter le programme dans une démarche globale de protection.


L’équipe :
La réglementation ayant évolué avec l’obligation faite, depuis 2009, aux collectivités propriétaires de monuments historiques, de choisir leur maîtrise d’oeuvre sur appel d’offres, un accord cadre a été établi pour 15 ans avec l’architecte en chef des Monuments Historiques Michel Goutal, qui poursuit le travail initié avec Thierry Algrin, architecte en chef des Monuments Historiques chargé de la campagne de restauration précédente (2005-2015).
Michel Goutal pilote notamment la restauration du tombeau des rois de Jérusalem, comme celle du Musée du Louvre et apporte régulièrement son expertise à l’Unesco.
Parallèlement, se déroule un suivi archéologique du chantier. Ses découvertes permettent de mieux comprendre l’histoire des arènes et de leur construction.

La restauration en chiffres (pour les travées 50 et 51)

  • 30m3 de pierre de Barutel
  • 3 700 heures de maçonnerie et taille de pierre (chantier et atelier de taille)
  • 650 heures de pulpe et gommage
  • 900 heures de ragréage
  • 2 100 heures de fourniture de pierre  


Nouvelle campagne  de restauration :
Alors que la précédente campagne s’est achevée en décembre, la restauration des travées 58, 59, 60 et 1 se met en place en juin 2020 pour 14 mois de chantier.

Elle sera suivie par la restauration des travées 2 à 11 jusqu’en décembre 2023, en trois phases.
Nettoyage, gommage, restauration des façades et des arrachements se poursuivront donc, avec et suivi archéologique approfondi, pour la sécurisation du monument altéré par la pluie.
La travée 60 dite travée impériale, dont les deux gardes corps en forme de taureau ont déjà été restaurés, nécessitera un soin particulier, tout comme le petit escalier menant au sommet de l’amphithéâtre, qu’il faudra entièrement protéger. Un chantier qu’il faut adapter de A à Z aux nouvelles contraintes sanitaires moyennant des surcoûts : mobilhommes individualisés, restriction du personnel présent sur le chantier, pose de 4 escaliers au lieu de deux pour isoler montée et descente, accès automatisés…

     

Fouilles de la piste des Arènes

D'octobre 2019 jusqu'au printemps 2020, une nouvelle phase de fouilles archéologiques de la piste des Arènes a été réalisée. Les coulisses antiques de l'amphithéâtre et un puits wisigoth, situés sous la piste ont été explorés. Cette campagne de fouilles approfondit celle menées durant l’hiver 2015-2016.

Elle a permis de mieux connaître l’histoire de cet espace appelé « salle cruciforme » depuis sa découverte au XIXe et de préserver l’édifice par une meilleure gestion des circulations hydrauliques en sous-sol.

La salle cruciforme de l’amphithéâtre et son réseau souterrain ont été très peu étudiés jusque à nos jours. Cette nouvelle campagne de fouilles commandée par la Ville s’avère plus imposante que la précédente, au cours de laquelle avait été réalisé un relevé des murs et cinq sondages au sol. Plus longue, plus approfondie, elle mobilise une équipe plus importante et spécialisée sur les fouilles de puits, car il s’agit d’explorer cette fois-ci la totalité du sol, ainsi qu’un puits médiéval. 

Les coulisses de l'amphithéâtre livrent leurs secrets (vidéo)

Des inondations récurrentes

De régulières arrivées d’eau ont lieu dans la salle, qu’elles soient de ruissellement ou par remontée de la nappe. Située à  2m du sol, cette dernière enfle régulièrement de 2 mètres en fonction des intempéries, jusque à remplir entièrement la salle cruciforme, élément le plus enfoui de l’amphithéâtre qui est lui-même situé dans l’un des points les plus bas de la cité antique. Elle constitue ainsi un vaste puisard, une cuvette, d’autant que depuis le XIXe, l’égout de piste s’y déverse, et qu’elle est dégagée depuis près de 160 ans.

Elle pose aujourd’hui le problème de l’évacuation de l’eau, alors que le chantier de restauration de l’amphithéâtre est en grande partie dédié à lutte contre les effets dévastateurs de la pluie. C’est la raison pour laquelle, à l’issue des fouilles, des solutions de préservation devront être envisagées afin de soustraire la salle cruciforme aux inondations qui la fragilisent.

Coût des fouilles : 353 608 €  

Calendrier : octobre 2019 - mars 2020

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