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Hommage à Jean Paulhan et à Apollinaire à la bibliothèque

Durant deux mois, la bibliothèque Carré d’Art-Jean Bousquet rend hommage aux deux hommes de lettre célèbres, disparus respectivement il y a cinquante et cent ans, en exposant dans ses vitrines plusieurs documents les concernant et une nouvelle acquisition : la deuxième  "Lettre à Lou".

Fils du bibliothécaire et philosophe Frédéric Paulhan, Jean Paulhan naît à Nîmes en 1884. Après une licence de Lettres à la Sorbonne, il séjourne quatre ans à Madagascar. A son retour, il enseigne le malgache et traduit de cette langue des poèmes populaires, les Hainteny merina (1912). Mobilisé puis blessé au front, il tire de son expérience de la Grande guerre le contenu de son premier livre, Le guerrier appliqué (1917).
Auteur de plusieurs autres récits,  Jean Paulhan publie surtout des ouvrages de critique et des essais sur la littérature, dont le plus connu est Les Fleurs de Tarbes ou La Terreur dans les Lettres (1941).
Le nom de Jean Paulhan est intimement lié à celui de la prestigieuse Nouvelle Revue Française. Entré au poste de secrétaire, il en devient le rédacteur en chef, à la mort de Jacques Rivière, en 1925. Après-guerre, il crée, toujours chez Gallimard, les Cahiers de la Pléiade et codirige la Nouvelle N.R.F. avec Marcel Arland.
Autorité à la fois crainte et recherchée, au centre d’un réseau qu’il entretient par une très abondante correspondance, Paulhan, que l’on dit le « pape des Lettres », joue dans l’ombre le rôle de conseiller de nombreux auteurs et de découvreur de talents.
Une photographie en compagnie de Malraux et Braque, un courrier adressé à son compatriote Marc Bernard, et un envoi à Michaux témoignent à la bibliothèque Carré d'Art - Jean Bousquet de ces relations.
Homme de culture, Jean Paulhan sait aussi prendre ses responsabilités politiques : pendant l’Occupation, il entre dans la clandestinité et fonde avec Jacques Decour Les lettres françaises, engagement patriote qui l’autorisera, à la Libération, à s’opposer à l’épuration des intellectuels.

La Ville acquiert une "Lettre à Lou"
Incorporé dans le 38e régiment d’infanterie, Guillaume Apollinaire séjourne à Nîmes de décembre 1914 à son départ vers le front, le 4 avril 1915. Durant cette période, il retrouve brièvement Lou – l’aviatrice Louise de Coligny-Châtillon – rencontrée en septembre sur la Côte d’Azur, et lui adresse des lettres passionnées, correspondance qui durera jusqu’en janvier 1916 et de laquelle naîtront les Poèmes à Lou.

Les Poèmes à Lou seront publiés pour la première fois en 1947 par l’éditeur genevois Pierre Cailler, sous le titre Ombre de mon amour. Depuis, les originaux des lettres ont été dispersés.

La bibliothèque Carré d’Art-Jean Bousquet vient d’acquérir, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Région Occitanie, une lettre écrite depuis le Grand café de l’Esplanade de Nîmes le 17 décembre 1914. C’est la seconde envoyée à Lou après son départ de Nîmes. Cette acquisition vient marquer opportunément le centenaire de la mort du poète, emporté par la grippe espagnole, le 9 novembre 1918.

Le poète y décrit les derniers événements de la guerre, sa vie quotidienne à Nîmes et conclut par ces tendres mots " je t'embrasse et te respire partout, ma tubéreuse de Nice, mon jasmin de Grasse, ma baie de laurier de Nîmes. Je baise ton pied et ta bouche ma bien-aimée."

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