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Sous le charme des Carmes

Métamorphosée par les travaux, la place Gabriel Péri invite le passant à une pause rafraichissante. Transformée en esplanade, elle dispose désormais d’un vaste bassin-miroir, animé de jets de fontaine, entouré de bancs, et d’un espace piéton élargi autour de l’Eglise Saint Baudile.

Une nouvelle perspective pour la porte Auguste
Cet aménagement met en scène la Porte Auguste et la Via domitia, antique voie d’accès à la ville romaine. Entièrement dégagé des voitures en stationnement et de la circulation automobile qui gâchaient ses abords, le monument antique n’en est que plus visible. Un pavage distinctif du béton désactivé reprend le tracé de la via domitia qui y conduisait.

Un lieu dédié aux piétons
La déviation de la circulation automobile autour de l’église Saint-Baudile, l’élargissement des trottoirs et de la place Gabriel Péri, la création d’un cheminement piéton et cycliste vers le boulevard Gambetta et de deux stations de bus ont largement contribué à pacifier cette entrée de ville adaptée aux personnes à mobilité réduite.

Mise en valeur végétale
À l’ouest de l’église, des massifs ont été aménagés ainsi que des bancs à l’ombre des micocouliers centenaires. Leur alignement est prolongé sur le parvis, accompagné d’érables, margousiers et sophoras. À l’est, des cyprès et des mimosas, un peu plus loin, un olivier centenaire. Des massifs de lauriers roses et de graminées viennent dissimuler les trémies du parking. Derrière l’église est installé un massif de myrtes.

Projets et requalifications immobilières
Autour de la place, le quartier est en cours de redynamisation : après la construction  de la résidence de la Porte Romaine, dessinée par Sir Norman Foster en référence à l’architecture antique (notamment de l’amphithéâtre), la société nîmoise STS réhabilite le bâtiment en ruine de l’îlot Menguy. L’opération sur le n° 80 du boulevard Gambetta, entièrement restauré avec la société Histoire et Patrimoine, est en cours d’achèvement, tandis que celle qui concerne le n° 29 du boulevard Amiral Courbet devrait prochainement démarrer pour une association harmonieuse du contemporain à l’ancien. Au sud, l’ancien cinéma le K7 s’apprête à se transformer en résidence seniors. En 2020, la faculté des sciences s’installera sur le campus de Hoche et sera remplacée par le Conservatoire : ainsi se profile le renouveau intergénérationnel du quartier.




Un peu d’histoire
Ouvrage accordé en – 15 avant J.-C. par Auguste à la colonie Nemausus, le rempart antique accueillait ici les voyageurs qui entraient par sa porte magistrale (véhicules au milieu, piétons et cavaliers sur les côtés) avant d’emprunter le decumanus, longue artère de la cité antique qui aboutissait au forum. À proximité, une nécropole et de nombreuses tombes ont été retrouvées. Prestigieuse, cette porte était couverte sur sept mètres de long et son décor soigné était composé de pilastres corinthiens, de niches alternant avec des arcades. Au-dessus, une inscription, « IMP.CAESAR DIVI F.AUGUSTUS COS XI TRIB POTEST VIII PORTAS MUROS » ( « César Auguste, empereur, fils du divin Jules César, consul pour la 11e fois, revêtu de puissance tribunitienne pour la 8e fois, donne ces portes et ces murs à la colonie. »), atteste la faveur augustéenne au peuple nîmois et permet ainsi de dater le rempart. Porte d’honneur à la fonction également défensive, elle était flanquée de deux tours semi-circulaires, dont le tracé est évoqué au sol.

Château royal
Leur caractère imposant explique certainement leur réemploi, lors des invasions barbares, en fortin. Celui-ci traverse les siècles pour se muer en véritable château royal à la fin du XIVe, à l’initiative de Charles VI, afin de contrebalancer le pouvoir local incarné par le château des Arènes.

Couvent dominicain
En 1635, les Dominicains, soutenus par le roi, prennent possession du château, ou du moins ce qu’il en reste, les guerres de Religion ayant occasionné sa quasi-destruction. Hostile, la population argue de l’antique origine des tours et de l’intérêt de les préserver pour faire capoter le projet des moines. Le couvent est finalement construit et incorpore bon gré mal gré les vestiges de la muraille et des tours. S’y ajoute en 1735 une église, l’actuel Grand Temple.

Sauvée in extremis
Les protestants, en 1790, mettent à sac le couvent, lequel devient bien national en 1791, puis gendarmerie. Les démembrements ainsi que la démolition du rempart refaçonnent l’îlot. Lors de cette démolition, un citoyen observateur, Alexandre Vincent, reconnaît le vestige romain jusqu’ici oublié, alors que les ouvriers sont en train de mettre à terre l’inscription augustéenne. Elle est sauvée in extremis !

Ce lacet qui rapporte
En 1872 est percée la rue Nationale et l’îlot qui la jouxte vendu à un Nîmois qui fait fortune dans le lacet : Samuel Guérin. Ce dernier dispose d’une demeure sur les quais de la Fontaine et du château Fadaise. Il n’habite pas ce nouvel immeuble mais y fait aménager une galerie marchande. L’architecture du XIXe, respectueuse des alignements, prisant les allusions antiques comme les suites d’arcades, laisse sa signature de part et d’autre du monument romain.

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