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Qu'est-ce que l'Unesco ?

L’Etat français sélectionne chaque année un bien culturel, naturel ou mixte pour le présenter devant le Comité du Patrimoine Mondial de l’UNESCO et le faire inscrire sur la liste prestigieuse du Patrimoine Mondial. En retour, les sites inscrits s’engagent à tout mettre en œuvre pour restaurer, protéger, valoriser et transmettre aux générations futures ce patrimoine dont ils ont la charge et qu’ils doivent partager avec le monde entier.

Nîmes conserve un ensemble architectural romain remarquable, Amphithéâtre, Castellum aquae, éléments monumentaux de l’enceinte antique : Portes Auguste et de France, Tour Magne, Temple de Diane et tracé de l’Augusteum sont autant de témoignages prégnants de la civilisation gallo-romaine. Parmi eux, le Temple dit la Maison Carrée qui, au-delà de son état exceptionnel de conservation présente des valeurs patrimoniales et symboliques conséquentes sur le plan architectural avec l’utilisation d’un vocabulaire stylistique abouti, une qualité de réalisation remarquable et une valeur symbolique forte.

Le monument témoigne d’une période historique majeure dans l’histoire de Rome : L’installation d’un régime monarchique impérial par Auguste et la diffusion du culte impérial alors en formation.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) encourage l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde, considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l’humanité. Cela fait l’objet d’un traité international intitulé Convention concernant la protection du Patrimoine Mondial, culturel et naturel, adopté par l’UNESCO en 1972.

Qu’est-ce que le Patrimoine Mondial ?

Le Patrimoine Mondial est une appellation attribuée à des lieux ou des biens, situés à travers le monde, possédant une valeur universelle exceptionnelle. À ce titre, ils sont inscrits sur la Liste du Patrimoine Mondial afin d’être protégés pour que les générations futures puissent encore les apprécier à leur tour. Ces lieux et ces biens, aussi divers et uniques que les pyramides d’Egypte, la Grande Barrière de corail australienne, les Iles Galápagos en Équateur, le Taj Mahal en Inde, le Grand Canyon aux États-Unis ou l’Acropole en Grèce, sont quelques exemples des biens culturels et naturels inscrits à ce jour sur la Liste du Patrimoine Mondial.

Justification – Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE)

Nous pouvons tout d’abord affirmer que la Maison Carrée comporte deux principales valeurs patrimoniales :

- Une valeur architecturale, reposant sur l’utilisation d’un vocabulaire stylistique recherché et abouti, et sur une qualité de conception et de réalisation architecturale que démontre allègrement son état inégalé de conservation ;

- Une valeur symbolique, en témoignant d’un basculement majeur dans l’histoire de Rome, et de l’installation du culte impérial alors en formation.

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En effet, la Maison Carrée présente un état exceptionnel de conservation, dû à une utilisation continue et des travaux de restauration de grande qualité. Cette caractéristique constitue la condition sine qua non de la lecture et de la compréhension de ce monument. Sa grande intégrité et son authenticité également élevée permettent aujourd’hui, en comparaison notamment de temples contemporains plus ou moins directement dédiés à l’empereur Auguste à Vienne (France), Cordoue (Espagne), Évora (Portugal) ou encore Pula (Croatie), d’y voir un exemple abouti du temple de l’Antiquité romaine mais aussi l’un des édifices les plus remarquables de la période romaine. 

Ce temple est aussi la preuve ou la marque tangible d’un moment aussi succinct qu’éminent dans l’histoire de la Rome antique, celui du principat d’Auguste, point de bascule entre la République et l’Empire. Il est, pour l’historien de l’architecture Pierre Gros, « un document unique en son genre » en cela qu’il atteste, plus précisément encore, de la formation du culte impérial dans les colonies de l’Empire. Selon le même spécialiste de l’architecture romaine, elle constitue même « une des pièces maîtresses du dispositif du culte impérial » dans les provinces de Rome.

Il apparaît d’ailleurs comme l’un des plus anciens temples dynastiques, encore existants, du monde romain : s’il est difficile en l’état actuel des recherches historiques et archéologiques de définir l’antériorité de la Maison Carrée sur les autres temples construits durant le principat d’Auguste, sa dédicace aux fils adoptifs d’Auguste et son emplacement stratégique au centre du forum Nîmois, apparaissent en revanche comme des symboles forts et précoces de l’installation du culte impérial et de la mise en place d’une dynastie régnante à Rome et dans les colonies.  À Nîmes, le temple de la Maison Carrée est d’ailleurs à rapprocher avec un ensemble plus vaste, la source de la Fontaine qui constitue le premier lieu d’habitation des Volques Arécomiques, mais aussi un espace sacré dédié à l’empereur romain : l’Augusteum, aujourd’hui disparu. 

La Maison Carrée constitue la traduction matérielle du basculement historique entre République et Empire. Comme l’a montré l’historien Gilles Sauron, elle fait pour cela la synthèse architecturale et stylistique de monuments augustéens de Rome comme le temple d’Apollon In Circo (aujourd’hui disparu), celui de Mars Ultor ou encore l’Autel de la Paix, l’Ara Pacis (première imitation provinciale de sa frise d’acanthes et donc aussi de sa symbolique forte orientée vers le maintien de l’ordre et de la paix, ou Pax Romana). La Maison Carrée de Nîmes est de ce fait considérée comme un parfait exemple du modèle traditionnel du temple romain à l’époque augustéenne.

Afin de légitimer et d’affirmer peu à peu un nouveau régime politique à Rome, Auguste mena dès 29 avant J.-C. une politique de restauration des cultes civiques avant de mettre en place le culte impérial. Ce dernier constitue un instrument de cohésion dans un empire disparate, témoignage de respect envers le pouvoir et du sentiment du divin qu’il inspire.

À Nîmes, la Maison Carrée est un temple dynastique du culte impérial consacré aux Césars Caius et Lucius : « À Caius Caesar consul et Lucius Caesar consul désignés, fils d’Auguste, princes de la jeunesse ». Il faut ainsi voir dans la Maison Carrée de Nîmes le témoignage d’une convergence entre la volonté du pouvoir et l’attachement des notables locaux au clan d’Agrippa, le père de Caius et Lucius, à qui ce temple était dédié. 

La construction d’un tel temple impliquait une autorisation venant de Rome, concernant autant la construction elle-même que le plan et les ornements de l’édifice. D’ailleurs, les édiles Nîmois demandèrent probablement à Rome ou au gouverneur de la province l’autorisation de bâtir cette construction. Dès lors, il est assez évident qu’Auguste eut la volonté de légitimer son pouvoir, protégé par les dieux à travers la monumentalité de ce temple et le choix des ornements qui le composent. La famille d’Auguste n’étant pas encore divinisée, la fonction première du temple était alors de rendre hommage aux héritiers défunts d’Auguste et d’installer un rituel honorifique impérial. Ce temple manifeste ainsi l’attachement et la loyauté de la colonie romaine à la dynastie impériale. En effet, phénomène témoignant du loyalisme envers Rome et l’empereur, à l’échelle de l’assemblage disparate des provinces, le culte impérial traduisait l’adhésion des territoires soumis qui, ainsi protégés et défendus par Rome moyennant l’impôt, bénéficiaient d’une paix durable et négociée et de la prospérité : la Pax Romana qui allait durer plusieurs siècles.

Justification du critère retenu

Le Bien est proposé à l’inscription sur la Liste du Patrimoine Mondialau titre du critère (IV)

CRITÈRE (IV)

[ Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine. ]

En effet, la Maison Carrée de Nîmes représente l’une des plus anciennes expressions, et des mieux conservées, d’un temple romain consacré au culte impérial. La Maison Carrée est un monument d’une qualité architecturale remarquable qui, par les circonstances historiques de sa création, par l’importance politique de sa consécration et des choix stylistiques qui ont présidé à son élaboration, témoigne des valeurs de paix durable, de concorde et de prospérité que promut et chercha à garantir l’Empire romain au premier siècle de notre ère.

Déclaration d’intégrité

Le temple dit la Maison Carrée est l'édifice culturel sans doute le mieux conservé du monde romain. Restauré dès le XVIIème, puis aux XVIIIème, XIXème et XXIème siècles, il a conservé, par-delà ces interventions qui ont complété ou réparé ce qui devait l'être, une proportion exceptionnelle de sa substance d'origine.

La Maison Carrée a ainsi préservé à travers les siècles son expression architecturale, tous les éléments architecturaux clés (podium, pronaos, cella, frontons, colonnes) sont inclus dans les limites du bien et restent dans un très bon état. Les attributs qui expriment sa valeur universelle exceptionnelle, particulièrement ses décors, présentent ainsi une remarquable intégrité.  

Déclaration d’authenticité

La Maison Carrée possède une grande authenticité et illustre de manière particulièrement significative l’architecture cultuelle de la Rome antique. De nombreux épisodes au cours des siècles qui suivirent ont marqué l’édifice sans pour autant le dénaturer. Dans l’ensemble, la Maison Carrée a été épargnée par les principaux épisodes de vandalisme, guerres de religion et Révolution française, qui ne l‘ont pas endommagée.

Les mesures de protection du bien

Le Bien bénéficie des dispositions réglementaires des codes du patrimoine, de l’environnement et de l’urbanisme. La Maison Carrée est ainsi protégée au titre des Monuments historiques depuis 1840 (classement). Ses abords sont couverts par un Site Patrimonial Remarquable (SPR – ancien Secteur sauvegardé) de 41 hectares, imposant un suivi strict de l’État et de la Ville, créé en 1985 sur les quartiers les plus anciens. Un plan de restauration des monuments antiques, sous le contrôle scientifique et technique de l’État, a permis la restauration complète de la Maison Carrée de 2006 à 2011.

Une convention renouvelée en 2014 assure un suivi archéologique permanent avec l’Institut National de la Recherche Archéologique (INRAP). La présence d’un service d’animation du patrimoine et de l’architecture, dans le cadre du label « Ville d’art et d’histoire » obtenu dès 1986, et la récente création du Musée de la romanité valorisant les très riches collections archéologiques locales, permettent une réelle médiation auprès des Nîmois et des visiteurs.

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